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Le Che en dentelle

02/09/2008 | Le Che en dentelle

Technique mixte
(Jute, dentelle, soutien-gorges etc.)
2008

09.10.1967, Bolivie : Le guérillero Che Guevara (né le 14.06.1928) est fait prisonnier dans la jungle bolivienne et exécuté.

Extrait d’un article de Steffen Leidel pour la Deutsche Welle :

C’est la vie mouvementée et surtout la mort précoce dans la jungle bolivienne, qui attire beaucoup de gens dans leur culte pour le Che. Bizarrement, il y a beaucoup de biographies sur sa vie mais guère de publications sur ses visions sociales et économiques. C’est sa vie elle-même qui est le message politique et non pas ses écrits théoriques.
Ses idées sur le système socialiste comme il a été mis en œuvre à Cuba, ne sont plus très actuelles. Tout comme sa vision d’un homme nouveau, qui vivrait surtout pour des stimulations morales et non pas matérielles, est passée un peu de mode.
Toujours d’actualité est par contre l’adhésion sans faille de Che Guevara pour les oppressés. Ce combat là, l’argentin de naissance le menait sans compromis, et en allant jusqu’à l’assassinat.
Il y a une face sombre du Che. Tout devait se soumettre à la révolution. « Hasta la victoria siempre ! » - toujours se battre jusqu’à la victoire, était la devise du révolutionnaire.
Une autre de ses citations nous a été transmise : Les révolutionnaires doivent être guidés par une « haine féroce » pour se transformer en « machines à tuer sélectives, efficaces et brutales ». Che Guevara était prêt à sacrifier le peuple cubain dans la bataille de cette révolution, et il était prêt également à utiliser des armes atomiques. Dans la Sierra Maestra il était vraisemblablement le premier à exécuter des traitres. Et il était politiquement co-responsable de l’exécution des adhérents du régime de Batista. Beaucoup qui vénèrent le Che comme un rebelle juvénile ou le célèbrent comme un défenseur des sans-droits effacent cette partie de sa personnalité.

Extrait de l’interview avec Cordt Schnibben* pour la Deutsche Welle :

Le Che a subi la même chose que toutes les autres figures de culte : Il a été creusé, pour pouvoir être rempli avec les rêves, aspirations et envies de tous ceux qui les admirent. Le plus de temps a passé depuis leur mort, le moins les gens en savent réellement sur eux, et malgré cela leur charisme survit d’une manière mystérieuse à la décomposition.
Ce que les gens voient en eux a été transmis de génération en génération, parfois noirci parfois embelli, parfois adapté. Quatre décennies après sa mort le Che est devenu un Marylin masculin ; un homme avec beaucoup de sexe, beaucoup de chaleur et beaucoup d’amour pour son prochain, plutôt mort qu’à moitié enthousiaste, trop bon pour ce monde et pour cela vite effacé de sa surface.
Le Che est le premier (et dernier) homme de gauche, qui soit devenu une pop-star, un surhomme comme John F. Kennedy, Humphrey Bogart ou Mickey Mouse, comme Jésus ou Tarzan. Il était beau, se battait pour la bonne cause, il était excellent tireur, courageux, et surtout, il a été assassiné : Tout ce qu’il faut pour rendre immortel un homme.
Dans des films, comédies musicales et pièces de théâtre, dans lesquels il continuait à vivre, il s’est mué en un saint qui fumait des cigares et avait beaucoup de femmes.
Un jour le Che est devenu si beau, fort et noble que les gens ont commencé à parler de lui comme d’un mythe, ce qu’ils font à chaque fois, quand ils parlent de quelqu’un dont on ne sait plus très bien pourquoi au juste on le vénère autant. Seul celui qui meurt précocement devient immortel, seul celui qui part avant de devenir laid, feignant et angoissé à droit à devenir une figure de culte. C’est pour cela que James Dean est plus vivant que Marlon Brando, Marilyn Monroe plus présente que Brigitte Bardot et le Che plus puissant que Fidel Castro. C’est d’une manière étrange que la vision du monde de ce Robin Hood latino semble moderne en ces temps postsocialiste. Elle est anti-théorique, elle se méfie de tous les systèmes, elle rêve d’un homme nouveau du 21ième siècle, qui dénigre tout matérialisme au profit de la solidarité et de la survie de l’espèce humaine.

*Le journaliste Cordt Schnibben a publié en 1997 le livre « Che Guevara et autres héros »

05:08 Écrit par Miriam Schwamm dans Peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, galerie 11 et demi, années 68, Nouméa |  Facebook | |

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