02/09/2008 | Hommage à Mrs. Williards
Technique mixte
(Paillasson, dentelle, soutien-gorges etc.)
2008
Extrait de l’article de Kathrin Peter (Professeure en Art et Culture, actuellement à la « Freien Universität » de Berlin) pour le Goethe-Institut.de :
Une des occupations régulières de Mrs. Williards était la fabrication, par un travail laborieux qui durait des semaines, de tapis tissés avec pour matière première les ensembles usés de son mari. Une fois ces œuvres terminées, elle les offrait directement à une usure destructive, car, au lieu de les mettre en valeur comme décoration murale, elle les utilisait comme paillasson, ce qui avait pour effet qu’elles étaient semblables à « n’importe quel paillasson qu’on peut acheter pour moins d’un dollar au supermarché ». Cette citation, on peut la lire dans le premier et dernier roman de Sylvia Plath, La cloche en verre paru en 1963. Ce roman raconte l’histoire d’une vie de femme impossible entre maternité et production créative. Pourquoi les femmes se font user à la manière d’un paillasson justement entre ces exigences contradictoires, était le thème aussi du livre écrit en 1963, de Betty Friedan « The feminin Mystique ». Cet ouvrage est devenu fondateur pour le second mouvement féministe, qui n’a pas seulement marqué les Etats-Unis, mais aussi nourri les mouvements féministes en Europe tout au long des années 60 à 70.
Le tragique de la production esthétique de Mrs. Williards (et son nom pourrait être remplacé par tant d’autres) ne réside pas seulement dans le fait qu’elle-même déconsidère ses œuvres, il ne s’agit que de tapis. Mais également que les ouvrages tissés ou cousus n’ont pas de place dans les sacro-saintes salles des académies d’art et des musées, et une place parmi l’élite des artistes contemporains, on se la crée encore moins avec ce genre d’œuvres.
La place des artistes de sexe féminin dans le milieu de l’art contemporain n’est toujours pas marqué, dans certains pays comme la France et les Etats-Unis par exemple (et contrairement à l’Allemagne), par ce qu’on pourrait appeler « la parité », et l’on ne peut s’empêcher de penser que ce fait n’est pas dû à une aptitude moindre, mais plutôt à une assiduité moindre des critiques d’art, galeristes, éditeurs etc. à les promouvoir.
« Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Métropolitain Muséum?
Moins de 5% des artistes de la section art moderne sont des femmes,
Mais 85% sont des nus féminins. »
(Les Guérilla Girls)
20:53 Écrit par Miriam Schwamm dans Sculptures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, galerie 11 et demi, années 68, Nouméa | Facebook | |
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