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Pour ne pas oublier...

15/11/2011 | Pour ne pas oublier...

crédit photo: Miriam Schwamm

Installation

Cantine métallique, tissu

60,5 x 30 x 45 cm

 

Il est de tradition de faire un nœud à son mouchoir quand on ne doit pas oublier quelque chose…

Et s’il y a une chose qu’il ne faudra jamais oublier, c’est bien l’histoire de la Shoah !

Mais comment « faire œuvre » d’une telle histoire, celle de la déportation et de l’extermination de 6 millions d’êtres humains par l’Allemagne Nazie ? C’est tellement énorme, c’est tellement indicible !

Peut-être, le seul moyen serait une œuvre sans fin, une œuvre collective dont la création ne s’arrête jamais ?

Pour ne pas oublier… n’a pas d’aboutissement, car même si un jour 6 millions de mouchoirs à noeud auront été réalisés, il faudra encore en maintenir vivant la mémoire.

Les mouchoirs, ce sont des tissus divers, aussi divers que peuvent être les humains dans leur apparence, leur couleur de peau et leur culture vestimentaire.

En quelques coups de ciseaux, des petites bonshommes inertes et fragiles sont créés et contenus dans une cantine métallique, un récipient à l’image des wagons aveugles dans lesquelles on a entassé les êtres humains par centaines, sans lumière, sans nourriture ni eau pour un destin non moins cruel.

Cette cantine, dérisoirement petite pour contenir une telle énormité, voyagera d’un Pays, d’un lieu d’exposition vers l’autre, s’emplissant et se vidant à la mesure de ce travail de mémoire partagée.

Ainsi, à la manière des sociétés à transmission orale, l’histoire sera maintenue vivante à l’infini, l’un la racontant, l’autre l’emportant dans sa mémoire pour la relater à son tour.

J’en réaliserai à partir de maintenant au fur et à mesure, et les visiteurs pourront en créer à leur tour, participer au travail collectif, grâce au tutorial qui montre le procédé.

Ils pourront aussi emporter un de ces bonshommes, le mettre dans leur sac. Quand par hasard leurs doigts tomberont dessus en fouillant la clé ou le téléphone portable, il leur rappellera à la mémoire que la liberté, l’égalité et la fraternité entre les êtres humains ne sont jamais acquises, mais qu’il faudra toujours rester vigilant pour qu’elles soient respectées par tous : « Tiens, ce nœud, c’était pour ne pas oublier quelque chose… »

 

Miriam Schwamm

Nouméa, le 25 juillet 2011


Pour l'exposition

Les Chemins de la déportation, regards néo-calédoniens

dans le cadre de « 2011, Année des Outre-mer »

 

La Nouvelle-Calédonie , comme Janus, possèderait-elle deux faces ? L’une, de carte postale, celle du lagon inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, de son eau bleu turquoise, de ses plages coralliennes d’un blanc immaculé, de sa mosaïque communautaire, de la gentillesse de ses habitants…

L’autre, plus sombre, liée à un passé tourmenté dont l’exil de la population est le principal point commun : qu’elle soit d’origine futunienne, japonaise, kanak, tahitienne, vietnamienne, wallisienne, ou bien encore allemande ou austro-hongroise… Qu’il s’agisse de droit commun ou politique, de déportation par acte de justice, après jugement ou d’éloignement sur simple décision administrative ; les époques peuvent différer mais pas la destinée : le bannissement en Nouvelle-Calédonie ou, bien encore, le déguerpissement (comme l’on dit ici) du lieu d’habitat ancestral. Pour certains, l’histoire de cette déportation est transmise, de génération en génération, « afin ne pas oublier ». Pour d’autres, elle fait partie des non-dits et il est temps de passer à autre chose.

À l’heure où la Nouvelle-Calédonie s’interroge sur un destin commun à toutes les communautés, 34 artistes présentent aux publics calédonien et parisien leurs œuvres (bambous gravés, installations, peintures, photographies, sculptures…) dans une exposition intitulée Les Chemins de la déportation, regards néo-calédoniens.

 

Du 19 septembre au 8 octobre : galerie Lec lec tic, complexe La Promenade , Anse-Vata, Nouméa

Du 22 novembre au 18 décembre : musée du Montparnasse, 21 avenue du Maine, Paris XVe

 

02:31 Écrit par Miriam Schwamm dans Installations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déportation, installation, shoa, artiste, musée de montparnasse, nouméa, nouvelle-calédonie |  Facebook | |

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