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Le surfer's paradise ou l'histoire de l'Eden des temps modernes

17/06/2010 | Le surfer's paradise ou l'histoire de l'Eden des temps modernes

crédit photo : Miriam Schwamm

Le cartel de la pièce :

Le surfer’s paradise ou l’histoire de l’Eden des temps modernes

L’Eden colonial entre mission civilisatrice en images et massacres sanguinaires sur le terrain est une « œuvre » dont les blancs devront toujours porter le fardeau-catharsis, comme le dit Aimé Césaire : « Ces maisons brûlées, ces invasions gothiques, ce sang qui fume, ces villes qui s’évaporent au tranchant du glaive, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte. Ils prouvent que la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traîner en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. ».

Aujourd’hui en tout cas, on est bien tous ensemble et à hiérarchie égale, à devoir re-chercher un paradis perdu à jamais (quel qu’il soit). Notre réalité est bien celle d’une planète qui va « à vau l’eau » à force de la pourrir, et ceci grâce à une conception occidentale d’une Nature en tant qu’outil soumis à la volonté de cet être de l’ordre supérieur, l’humain. Cette idéologie-là a engendré pêle-mêle le colonialisme, les essais nucléaires et le Mac Donald’s !

Alors que le niveau de la mer monte bien réellement comme en témoignent les habitants de l’atoll d’Ouvéa, pendant que règne le « amusez vous » comme mot d’ordre dans les quartiers Sud de Nouméa. « Et, n’oubliez pas de bouffer la merde que vous avez créée et passez tout votre temps à gagner de l’argent pour ce faire, il en va de la santé économique mondiale ! »

Peut-être, il faudrait se poser un instant et la question quel monde on offre à cette jeune fille qui pose pour la photo avec une robe mission (authentique et cousue par sa tantine du Vanuatu) et qui joue avec une DS (cyber-déesse authentique, elle aussi).

Que répondrait-on si elle nous demande pourquoi il y a des millions de tonnes de pétrole qui s’échappent dans le golfe du Mexique en ce moment ? Pourquoi la quasi-totalité des jeunes hommes du côté de la Biélorussie et de l’Ukraine sont tellement malades qu’ils sont même jugés inapte au service militaire, alors que l’OMS continue à minimiser cette réalité pour cause de ses liens avec l’Agence internationale de l’énergie atomique ? Que répondre à une possible quête de liberté d’une femme en devenir (qu’elle soit physique ou intellectuelle) pendant qu’on continue par millions à exciser, voiler et violer, brûler vif et lapider cette moitié du genre humain parce que cette liberté-là justement déplairait à l’autre moitié ?

Quoi répondre enfin à la jeunesse du pays si elle s’inquiète à savoir si la puissance financière de l’industrie minière ne va pas échapper au contrôle des gens de cette terre dans laquelle elle puise ses richesses ?

« Démerde toi » ?

On en reste tout coi en tout cas, et le paradis ne semble pas pour demain...

 

Surfer’s Paradise, or the story of a modern-day Eden

The colonial Eden, between the images of civilising missions and bloody massacres, is a «work » for which the whites will always bear a cathartic burden. As Aimé Césaire said: “these burned houses, these Gothic invasions, this steaming blood, these cities that evaporate at the edge of the sword, are not to be so easily disposed of. They prove that colonization, I repeat, dehumanizes even the most civilized man; that colonial activity, colonial enterprise, colonial conquest, which is based on contempt for the native and justified by that contempt, inevitably tends to change him who undertakes it; that the colonizer, who in order to ease his conscience gets into the habit of seeing the other man as an animal, accustoms himself to treating him like an animal, and tends objectively to transform himself into an animal.”.

While sea levels rise, to which Ouvéa’s inhabitants can testify, a philosophy of « enjoy yourself » is the overriding motto in Noumea’s southern suburbs… “and don’t forget to stuff yourself with the shit that you’ve created.  Spend all your time earning the money to do it, it’ll go towards world economic health!”.

In any case, today we’re all together now as equals, searching for a paradise (whatever that is), which is lost as never before.  Our reality is a planet which is “going down the drain”, rotting because of a western idea of nature as a tool, subject to the will of that superior being, the human.  This ideology has already spawned colonialism, nuclear testing and MacDonald’s!

Perhaps we should take a moment to stop and ask ourselves what sort of world we are giving to the young girl in the photo, who’s wearing an authentic mission dress (sewn by her aunt in Vanuatu) and who’s playing with a DS (an authentic cyber-goddess).

What can we say if she asks us why there are millions of tonnes of oil gushing into the Gulf of Mexico at the moment? 

Why nearly all the young men from the Belorussian and Ukraine coasts are so sick that they are unfit for military service, while the W.H.O. continues to play down the truth because of its ties to the International Atomic Energy Agency? 

How can we reply to a young girl, a woman of the future, seeking freedom (whether physical or intellectual) whilst millions continue to mutilate, veil and rape, burn alive and stone half of the human race because this freedom doesn’t please the other half?

And finally, what answer can we give to the youth of the country, if they worry that the mining industry’s financial might may escape the control of the people who live on the land from which they draw their wealth?.

“You’re on your own, sort it out yourselves”

In any case, we remain quiet and so it doesn’t look as if paradise will be here tomorrow.

 

Traduction avec le concours de l'ADCK, traductrice: Jane Jore

 

 

 

23:10 Écrit par Miriam Schwamm dans Installations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition collective, centre culturel tjibaou, art, artistes, nouvelle-calédonie, nouméa |  Facebook | |

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